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La situation actuelle des migrants en Tunisie (30 avril 2024)
30 Avril 2024
Depuis plusieurs jours, la Garde nationale tunisienne a envoyé des soldats dans la région de Sfax, à El Amra, pour une « opération » spéciale : déplacer les migrants dont la cohabitation avec la population locale est devenue ingérable, selon Tunis. De leur côté, les exilés déplorent la destruction systématique de leurs campements et sont terrifiés à l’idée d’être expulsés.
La situation se dégrade de jour en jour pour les Africains subsahariens survivant à El Amra, dans la région de Sfax, en Tunisie.
Outre la présence de ces sans-papiers sur leurs terres qui pourrait gêner les récoltes – les Tunisiens d’El Amra dénoncent les agressions de nombreux gangs notamment ivoiriens dans les villages de la région. Une information confirmée par des riverains de cette zone. « Il y a des gangs ici d’Africains qui ont des machettes, ils s’attaquent même à nous, leurs propres frères, ils volent notre argent, nos téléphones, nous rackettent. Mais ils pillent aussi les commerces ».
Ce climat délétère pousse les exilés à fuir le pays le plus rapidement possible. Les départs depuis les côtes de Sfax ont enregistré une augmentation record durant les premiers mois de l’année 2024, avec plus de 21 000 personnes ayant quitté clandestinement le pays par ses frontières maritimes, a indiqué la Garde nationale tunisienne.
Notons également que, La Première ministre italienne Giorgia Meloni s’est rendue en Tunisie mercredi 17 Avril (1), pour la quatrième fois en moins d’un an, pour y rencontrer le président Kaïs Saïed sur fond de lutte contre l’immigration irrégulière. Les deux pays cherchent à renforcer leur coopération alors que l’Union européenne bloque une partie des fonds destinés à la Tunisie dans le cadre du mémorandum signé en juillet dernier.
Convenant avec Kaïs Saïed que « la Tunisie ne peut pas être un pays d’arrivée pour les migrants » du reste de l’Afrique, elle s’est engagée à « impliquer les organisations internationales pour travailler sur les rapatriements » vers les pays d’origine.
Il faut rappeler que récemment installés dans un camp improvisé de tentes, sans toilettes ni eau pour se laver, ces ressortissants d’Afrique subsaharienne cherchent à être évacués vers des pays tiers, mais le HCR vient de suspendre l’examen de leurs dossiers. Sur sa page Facebook, l’institution onusienne a précisé avoir stoppé « toutes les activités d’enregistrement et de pré-enregistrement du 31 mars au 17 avril en raison d’une migration du système d’enregistrement et d’identité ». Une suspension « temporaire » qui concerne « toutes les opérations du HCR dans le monde » (2).
L’OIM et le HCR (3) saluent le travail du Croissant-Rouge tunisien et libyen qui apportent une aide humanitaire à des centaines de personnes dans ces zones frontalières. L’OIM et le HCR soulignent que des efforts en matière de recherche et de sauvetage sont nécessaires de toute urgence pour celles et ceux qui sont bloqués de part et d’autre de la frontière, et demandent instamment que cette situation soit résolue dans les meilleurs délais. Il faut également veiller à ce que les personnes ayant besoin d’une protection internationale soient identifiées et aient la possibilité de demander l’asile, et que les migrants vulnérables, y compris les victimes de la traite et les enfants non accompagnés, soient orientés vers des services appropriés.
Les droits humains des migrants, des réfugiés et des demandeurs d’asile doivent être protégés conformément au droit national et international. Les nouveaux arrivants ayant besoin d’une protection internationale doivent également pouvoir bénéficier d’un accès au territoire et à la sécurité, conformément aux normes internationales.
L’OIM et le HCR appellent tous les pays concernés à respecter leurs obligations juridiques internationales envers les migrants, les réfugiés et les demandeurs d’asile. Le HCR et l’OIM se tiennent prêts à soutenir les autorités pour que soit trouvée une solution humaine et respectueuse des droits de tous, ainsi que pour définir une approche globale et durable en matière de migration et d’asile.
Au regard, de cette actualité brulante, on pourrait donc se demander comment la communauté réagit face à ce phénomène qui ne cesse de prendre de l’ampleur au fil du temps.
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(1) La Première ministre italienne Giorgia Meloni s’est rendue mercredi 17 avril en Tunisie, pour la quatrième fois en moins d’un an, pour rencontrer le président tunisien Kaïs Saïed sur le thème de la lutte contre l’immigration irrégulière.
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