Les migrations du Sud global vers le Nord global sont majoritairement considérées comme un phénomène problématique. En témoigne le récent pacte migratoire européen (avril 2024) qui renforce les contrôles et les entraves.
Les réglementations adoptées par le Nord global sont complexes, essentiellement restrictives et posent question sous l’angle des droits humains. Il est largement recouru au soft law, ce qui est préoccupant au regard de l’état de droit. La coopération internationale fait évoluer les législations des pays partenaires pour les amener à contrôler davantage les sorties de leurs territoires. Cette escalade parait à l’heure actuelle aussi inefficace que délétère pour les migrant.es.
Pour les jeunes juristes, le droit de l’immigration est devenu un ensemble opaque, difficile à comprendre, au-delà des discours politiques.
C’est pour remettre en cause ce postulat que le réseau Mercator a vu le jour, avec pour mission de vulgariser l’actualité et les enjeux juridiques qui en découlent, tout en intégrant d’autres perspectives.
Les étudiant.es en droit sont les futur.es professionnel.les qui seront amené.es à traiter les questions internationales, notamment en matière migratoire. Il est essentiel que leur approche soit davantage multilatérale, équitable et collaborative et que l’apprentissage intègre une approche décoloniale.
Adopter une approche décoloniale, c’est s’éloigner d’une perspective eurocentrée pour intégrer des points de vue issus d’autres continents et d’autres cultures, sans établir de hiérarchie entre les différentes pensées. La pensée décoloniale consiste à reconnaître une valeur égale à toutes les idées, quelle que soit leur origine.
A partir d'une approche décoloniale, le réseau Mercator cherche à préparer une génération qui envisagera différemment la gouvernance migratoire
Les pays représentés au sein du réseau sont des pays d’émigration, d’immigration ou de transit (ces réalités évoluant dans le temps). Travailler ensemble permet de prendre conscience que même face à une problématique internationale, l’analyse reste située de sorte qu’il est essentiel d’élargir le regard à d’autres lieux de la trajectoire migratoire pour mieux comprendre les enjeux.
A cet effet, les étudiant.es échangent, réfléchissent ensemble et identifient les similitudes et les singularités. Les sources normatives sont pour partie communes mais interprétées et mises en œuvre dans des contextes différents. Outre les approches comparées, le réseau expérimente la recherche de solutions construites conjointement au travers d’un dialogue équitable.
Cette méthode élargit leur expertise sur ces questions qui ne peuvent être traitées qu’en ayant conscience des contextes (géo)politiques et des interdépendances.
En cela, il s’agit d’un « projet d’éducation à la citoyenneté mondiale et solidaire » qui a pour but de contribuer à la construction de sociétés justes, durables, inclusives et solidaires en suscitant et renforçant l’action individuelle et collective de citoyen.nes conscient.es des enjeux mondiaux et qui s’en sentent co-responsables. Les valeurs traversant le projet sont des valeurs de justice, solidarité, équité, d’ouverture à l’autre, de diversité, de responsabilité et de participation.
Pour ce faire, Mercator vise à créer une plate-forme en ligne alimentée par les étudiant.es supervisé.es. On y retrouve des blogs, des podcasts, des analyses de jurisprudence, des faits d’actualité… L’élaboration de ces contenus repose sur une recherche documentée et une analyse en incluant les points de vue des pays tiers. La plate-forme vise à échanger des informations sur le contexte géo-politique, les enjeux légaux et jurisprudentiels, les faits d’actualité liés aux migrations ; elle a pour objectif de nourrir l’expertise.
Une fois par an, les équipes se retrouvent en personne lors d’une semaine intensive pendant laquelle elles suivent des séminaires, effectuent des travaux de groupe, des visites et réalisent des exercices de mise en situation en équipes mélangées. Sont également organisées : des activités de sensibilisation, d’information, de discussion avec un public plus large sur des questions d’actualités, autour de films, de romans, d’essais… en intégrant le regard des artistes sur les questions migratoires.